Aïle Ami Lecteur, pour ce premier article "littéraire" de 2014, je ne pouvais pas te proposer n'importe quoi... (Si tu n'es pas un fervent lecteur de Stephen King tu te demandes déjà ce que c'est que ce premier mot "Aïle"... Ne t'inquiète pas, je ne suis pas en train de t'insulter ! Non, non... "Aïle" c'est un salut façon Stephen King que tu peux trouver dans le cycle de la Tour Sombre... Tu vas aussi peut-être me dire que tu es une lectrice, pas un lecteur...oui mais bon, t'es un humain quand même ? Donc bon, je peux dire "lecteur" quand même hein ? Non c'est juste que c'est plus simple pour moi... Oui je sais, ça fait maintenant 8 mois que ce blog existe et j'ai dû te dire "bonjour" une seule fois, dans le premier article [avec un "aïle" que tu n'as peut-être pas compris d'ailleurs...] et là d'un coup je t'embête avec ça...Oui mais tu vois, ça me chagrinait depuis un bout de temps cette histoire, pas envie de te dire "salut" ou "bonjour", je voulais quelque chose de plus classe tu vois... et puis un mot que je ne peux pas utiliser dans la vraie vie tant qu'à faire... bref, 2014 étant là j'ai décidé de faire ce que j'avais envie ! Donc tu ne t'inquiéteras pas si parfois tu rencontres par ici des termes qui te sont inconnus...D'accord ? Merci ^^ Après cette magnifique digression, revenons à nos moutons...) Je viens donc te parler d'un roman lu dans le cadre du challenge Halloween ,
lu donc mais non chroniqué dans les temps : Docteur Sleep !
Danny Torrance, Doc de son surnom d'enfant, a grandi. Le petit garçon qui avait failli mourir sous les mains de son père à l'hôtel Overlook (dans Shining) est devenu un homme... Après avoir survécu à l'Overlook il a dû continuer à se battre contre d'autres démons, parfois beaucoup moins surnaturels que ceux rencontrés dans son enfance mais tout aussi dangereux...
Sa rencontre avec Abra, un autre "enfant lumière" dont le shining est beaucoup plus puissant que celui de Danny au même âge, va changer définitivement le cours de sa vie. Notre héros parviendra-t-il à se débarrasser des propres démons ?Qui est donc cette femme au chapeau que voit Dan dans un rêve ? Qui sont ces gens aux étranges pouvoirs qui paraissent, au premier abord, inoffensifs mais enlèvent et tuent des enfants ? Et s'il y avait pire que les spectres de l'Overlook ?
Je te l'avoue tout de suite : j'ai du mal à être objective lorsqu'il s'agit de Stephen King pour la simple et bonne raison que j'ai grandi avec ses romans ! Je ne les ai pas tous lus (loin de là !) mais j'en ai lu pas mal quand même et me dire qu'un jour, sûrement, ils y seront tous passés me terrifie... Si tu as "survécu(e)" à la fin d'une saga (je pense à Harry Potter par exemple ou au Seigneur des Anneaux de Peter Jackson...), tu vois sûrement ce que je veux dire (et si ce n'est pas le cas tu dois me prendre pour une cinglée...!). C'est comme vivre la fin d'une saga donc, mais en pire ! L'univers de Stephen King, c'est comme une immense toile d'araignée où tout est lié, de près ou de loin, d'une façon ou d'une autre... Ce sont des mondes qui deviennent un peu les tiens, des personnages qui deviennent tes amis, tes ennemis, tes voisins... Tu connais tellement d'eux tous, tu as pleuré comme une madeleine quand ils sont morts, tu as été ému(e) par leur courage, tu t'es inquiété(e) pour eux... Bref, ils font partie de ta vie, ils sont quelque part là dans ton cerveau et ils reviennent te voir de temps en temps... Bref (oui encore). Revenons-en à nous moutons (ils ont vraiment du mal à rester dans notre champ de vision aujourd'hui hein ^^)
Lorsque j'ai commencé Docteur Sleep j'étais un peu perplexe. J'avais laissé il y a fort, fort longtemps Doc aux portes de l'Overlook... et je le retrouvais soudainement au début de ce nouveau bouquin, comme si seulement quelques mois avaient passés. Les pages se tournent, Danny grandit, de nouveaux personnages entrent en danse. Et puis, je retombe sur Dan... Oui mais ce n'est plus Doc, ce n'est plus Danny... il est devenu un étranger et j'ai du mal à me faire à lui... Et puis...finalement... je m'y fais ! ^^
L'histoire est tour à tour angoissante (j'en ai même fait un cauchemar ! Chose qui ne m'était jamais arrivée en lisant un bouquin ! Pour être exacte c'était un cauchemar triple, comme ceux de Dan dans l'histoire d'ailleurs : un cauchemar dans un cauchemar dans un cauchemar...J'ai bien cru que je ne me réveillerais jamais !!! Est-ce que cela t'est déjà arrivé ? ) et touchante, toujours prenante. Elle est aussi moins "gore", moins dure que ce à quoi SK nous a souvent habitué. Cela facilitera sans doute l'accès à ceux qui aborderaient son oeuvre pour la première fois. Elle a finalement assez le goût des nouveaux Stephen King (je pense à Cell par exemple, à Under the dome...), ce qui est plutôt logique, je te l'accorde. Les allusions à Shining sont plus que correctes : ni trop nombreuses, ni trop peu nombreuses, suffisamment explicites pour être comprises de ceux qui ne l'ont pas lu et pour être appréciées (et combler certaines attentes !) de ceux qui l'ont lu ! Comme toujours chez King, les personnages sont bien travaillés, tant les principaux que les secondaires (l'histoire sans le chat prescient Azraël n'aurait pas la même saveur ^^)... mais tout de même peut-être pas aussi bien que dans certaines de ses autres oeuvres... Ou du moins pas de la même façon. En fait, la force et la faiblesse du roman sont bien là. Comme Stephen King nous le dit lui-même dans la "Note de l'auteur" : "Et puis les gens changent. L'homme qui a écrit Docteur Sleep est très différent de l'alcoolique de bonne volonté qui a écrit Shining [...]". Eh oui, le style a donc un peu changé, le point de vue aussi, la façon de raconter aussi... L'auteur a évolué c'est vrai...mais dans mon cas, sa lectrice aussi... Je ne suis plus l'adolescente qui avait lu Shining, j'ai grandi et changé moi aussi... En fermant Docteur Sleep je me suis fait une réflexion : SK parvient, au fur et à mesure de ces bouquins; excellents, bons et un peu moins bons; à garder ses lecteurs... et à s'en faire de nouveaux bien sûr mais ça c'est normal. Mais tout de même, garder des lecteurs si longtemps... J'ai dû lire mon premier SK aux alentours de 12 ans. 15 ans après je les lis toujours avec le même engouement qui est né lors de la première lecture. Je suis intimement persuadée que dans 50 ans je les lirai encore. Parce que son univers fait partie de ma vie, comme celui de Tolkien, comme certains romans qui me suivent à travers les années... Et que malgré le fait que je grandisse (je vais être obligée d'utiliser le verbe vieillir bientôt hein ? ), que mes goûts évoluent, que mon esprit critique s'affine (enfin j'espère !), que mes peurs changent... je trouverai toujours ce que je cherche dans les Stephen King. Je le redis : plus ou moins bien ! Tous les bouquins d'un auteur ne peuvent être parfaits, tout le monde ne peut les apprécier tous... heureusement ! Mais ce type a le don de faire ressortir à travers ses histoires nos peurs primaires, les terreurs enfantines, celles qui te faisait regarder sous ton lit lorsque tu étais petit(e), tu te souviens ? Comme il le dit dans Salem : "Comme [les angoisses des adultes] paraissent ternes à côté des terreurs que chaque enfant retrouve le soir, dans l'obscurité de sa chambre, sans espoir d'être compris de personne excepté d'un autre enfant ! Il n'y a pas de thérapie de groupe, pas de cure psychanalytique, pas d'assistance sociale prévues pour le gosse qui doit, nuit après nuit, affronter seul la menace obscure de toutes ces choses qu'on ne voit pas mais qui sont là, prêtes à bondir, sous le lit, dans la cave, partout où l'oeil ne peut percer le noir. L'unique voie de salut, c'est la sclérose de l'imagination, autrement dit le passage à l'âge adulte." C'est ça qu'on retrouve dans ses bouquins... avec aussi la preuve qu'on peut vivre avec... Je digresse, je digresse...
Passons donc à la conclusion ! Stephen King continue ainsi dans sa "Note aux lecteurs" : "[...] mais c'est la même chose qui continue de les intéresser tous les deux : raconter une histoire qui dépote. J'ai pris mon pied à retrouver Danny Torrance et à suivre ses aventures. J'espère que vous aussi. Si c'est le cas, Fidèle Lecteur, on est bon." Eh bien cher M.King, Shining dépotait grave, Docteur Sleep dépote aussi. J'ai carrément pris mon pied... On est bon !
Comme dit précédemment, peut-être quelques difficultés à s'attacher à Dan au début...
Ce surnom et ce titre : Docteur Sleep que je ne trouve pas franchement engageant !
Le personnage d'Abra, très rafraîchissant ^^
Le fait même d'avoir écrit ce qui est arrivé à Danny après l'épisode de l'Overlook !
Le "Noeud Vrai", vampires psychiques, qui forme une compagnie bien flippante !
« Danny écoutait, les yeux écarquillés, fasciné. Il avait toujours pensé que l'histoire de Barbe-Bleue était la plus effrayante de toutes, de toutes celles qui existaient et de toutes celles qui existeraient jamais, mais celle-ci était pire. Parce qu'elle était vraie.» p.24
«Un jour, tu finis par t'aviser que rien ne sert de cavaler. Où que tu ailles, tu t'emmènes toujours avec toi.» p.73
« Ils n'aiment pas les chiens et les chiens le leur rendent bien. C'est comme si les chiens les perçaient à jour. Démasquaient les yeux perçants et aux aguets derrière les lunettes de soleil au rabais. Démasquaient les jambes de prédateur aux muscles puissants et déliés sous le polyester des pantalons Wal-Mart. Démasquaient les crocs acérés somnolant sous les dentiers. » p.176
(Je t'aurais bien mis les dernières phrases de la "Note de l'auteur" mais je te laisse le plaisir de les découvrir par toi-même !)